Tout établissement, privé ou public, évolue en permanence dans un environnement exposé …
Jacques-Olivier PANIER, responsable gestion de crises, prévention de la sécurité incendie et de la sureté pour la commune de Saint-Fons, et Vice-président de l’association nationale des cadres territoriaux de la sécurité, nous livre une réflexion sur la gestion des risques majeurs.
Un territoire est d’abord un bassin de vie qui bouge en permanence. Il n’existe ainsi aucun bouton « pause » qui arrêterait les nuisances ou les situations à risque ! Par conséquent, tout établissement est confronté à des phénomènes imprévisibles, qui peuvent se succéder voire s’additionner. Or, si les normes de sécurité tendent à limiter les risques, elles ne traitent pas suffisamment de la culture et de la mémoire du risque des riverains (travailleurs, résidents et les personnes en transit)
Dans ce contexte, comment les entreprises de la Vallée de la Chimie peuvent-elles concilier le développement de leurs activités et la protection de la population ? Zoom sur la commune de Saint-Fons.
Une population qui doit mieux connaitre les entreprises qui l’environne
La commune de Saint-Fons est un territoire de 600 hectares que l’on peut séparer en deux secteurs : L’un à l’ouest composé de dizaines d’industries et l’autre à l’est de la voie ferrée, avec une ville densément urbanisée (3102 hab./km²). Alors que les ouvriers et les retraités des usines chimiques résidaient pour la majorité sur la commune, à proximité de leurs emplois, il convient d’observer que cette tendance historique chute aujourd’hui à 24% des actifs (source INSEE 2020). Ce phénomène explique en partie la méconnaissance des activités industrielles par les habitants de Saint-Fons mais également l’inquiétude croissante autour des nuisances sonores et olfactives.
Par ailleurs, la sécurisation des sites contre les menaces terroristes et les contraintes en matière de protection des risques professionnels a conduit les industriels à limiter les interactions avec la communauté éducative : visites des écoliers, journées portes ouvertes, inaugurations, participations aux manifestations culturelles ou sportives se font ainsi de plus en plus rares, compliquant la connaissance du monde industriel.
Les habitants se sont donc peu à peu dissociés des travailleurs de la zone industrielle, d’autant plus que les campagnes de communication sur les risques majeurs peinent à intéresser les riverains.
Les travailleurs des entreprises industrielles doivent davantage prendre en compte les incidences de leurs activités au-delà de leur enceinte
La prévention des risques professionnels focalise la protection des travailleurs autour des dangers présents dans l’établissement et ne prend pas assez en compte les risques environnementaux (excepté pour les sites disposant d’études de danger). Toutefois, le Plan de Continuité d’Activités est un outil qui peut, quant à lui, aborder les conséquences d’une épidémie, voire d’une tempête de neige ou d’une inondation de locaux pour aborder la mise à l’abri des outils de production et des personnes. Plus rarement, certains documents de prévention des risques professionnels traitent des nuisances olfactives, sonores ou les risques sanitaires tel les conséquences sanitaires d’un panache de suie comme celui de l’incendie de Lubrizol.
Signe de l’intérêt commun de gagner la confiance des populations, les entreprises classées Seveso de la commune et la Ville de Saint-Fons ont, depuis 2008, signé une convention d’information en cas d’événement inhabituel pouvant avoir un impact sur les riverains. Ainsi, les nuisances d’opérations de maintenance par exemple, font l’objet d’une communication préalable. La commune, par réciprocité, informe les industriels en cas d’événement particulier : déclenchement d’une sirène au loin, dispositif de secours, incendie, coulée de boue, observation d’un drone par le centre de vidéoprotection urbain, constat par la Police Municipale d’un stationnement de véhicule gênant à proximité d’un établissement, etc. Enfin, la diffusion des alertes météorologiques et de pollution a pour but de permettre aux employeurs d’activer au plus tôt, la mise à l’abri de leurs salariés.
Ainsi si une convention permet d’établir des engagements réciproques c’est bien par les actes du quotidien que se traduisent les objectifs communs entre les acteurs économiques et les collectivités.
La suite de l’article à découvrir le mercredi 1 septembre à midi !